samedi 13 avril 2024

Les couleurs des vieux quartiers

Restaurant Gaétane, rue Logan et Champlain, 1978. Photo: Daniel Heikalo. Avec permission.

L'auteur de la photo ci-haut est Daniel Heikalo, un artiste multidisciplinaire (on peut visiter son site en cliquant sur le lien qui se trouve à droite) qui a pris de très nombreuses photos de Montréal, surtout des quartiers centre-sud, où il a grandi, et d'Hochelaga, où j'ai grandi. Daniel est un fin observateur de l'urbanité et de la nostalgie qui s'y rattache. En 2016 il s'affiche dans une exposition à l'économusée du fier monde. Il a composé un texte fort éloquent sur les couleurs qui décoraient le tissu de nos quartiers voisins. Voici donc le texte en question et portant sur les vieilles maisons de Montréal:

J'aime ça croche. Des trésors d'inexactitude usés par le temps. Arrive le rénovateur,et souvent, c'est la poésie qui fout l'camp. Il y a moyen de faire mieux.
 

MON QUARTIER ÉTAIT EN COULEURS!!!
 

Un jour, un homme m’a demandé : « pourquoi tant de rouge dans vos photos? » Je lui ai répondu : « parce que le rouge était omniprésent! »
 

On peinturait les façades avec une peinture spécialement conçue pour que la brique respire. Si elle est peinte avec de l’émail ordinaire, elle devient scellée. Lorsque l’eau parvient à s’infiltrer  par une fente ou une fissure dans la peinture vieillie, et que la température descend sous le point de congélation, la brique s’écaille, éclate. Trop souvent, on voit de ces façades qui s’émiettent littéralement après avoir été peintes avec un produit inapproprié. 

Autrefois, on savait...
 
Avenue des Pins et Saint-Dominique, 1978. Photo: Daniel Heikalo. Avec permission.

Lors de la sélection de mes photos, j’ai repensé à la question de cet homme. J’ai cherché d’autres aspects “colorés” du quartier, et j’ai choisi des images où la couleur était une part essentielle de la composition, où elle était nécessaire : une lessive séchant sur la corde, des briques, une clôture, des ornements multicolores, des scènes de rue, une borne d’alarme incendie…,  un peu de tout ce qui colorait le quartier.

J’ai aussi remarqué, lors de promenades plus récentes, que la nouvelle mode des couleurs neutres, comme des gris, a donné un aspect fade aux rues du quartier. On dirait qu’on a peur de la couleur, ce qui n’était pas le cas autrefois.
Au sujet de mon quartier:
 
Le quartier Saint-Jacques, Centre-Sud aujourd’hui, c’est le quartier qui m’a vu grandir. Quartier ouvrier et aussi, de chômeurs et de familles en assistance sociale. Quartier coloré dont l’architecture vernaculaire a su me fasciner dès l’enfance et influencer profondément l’iconographie de mes oeuvres visuelles, quelles soient photographiques, infographiques ou simplement des dessins d’architecture imaginaire réalisés à la plume. 

​C’est au hasard de promenades sans but, souvent matinales et dominicales, qu’on été prises les images qui constituent cette exposition. Le dimanche matin, de bonne heure, était un temps particulièrement propice à la photographie, avec sa lumière plus vive, due à une pollution moindre, et son silence. Les jours enneigés étaient aussi prisés, pour leur lumière surréelle. 

​Cette exposition est pour moi un retour aux sources, et aussi un hommage aux ouvriers et artisans anonymes qui ont donné au quartier son cachet, son architecture: charpentiers, couvreurs-artisans de toits en ardoise, briqueteurs, sculpteurs de nombreux détails ciselés de balcons et lucarnes. 

​J’ai souvent eu l’impression de vivre dans un village sympathique au coeur de la grande ville.
​Le poète montréalais Irving Layton dit au sujet de son enfance passée sur De Bullion et sur Sainte-Elizabeth, un peu à l’ouest du Centre-Sud, que ça a moulé sa sensibilité de poète, et qu’il ressentait un grand regret d’avoir élevé ses enfants dans la stérilité sociale de la banlieue. Je pense exactement comme lui et suis fier d’avoir grandi dans le quartier Saint-Jacques qui a laissé son empreinte sur ma vision artistique et a forgé l’homme et l’artiste que je suis aujourd’hui. 

Est-ce qu’il y a nostalgie? Un peu tout de même. Je n’ai pas la nostalgie des logements sans eau chaude, des rez-de-chaussée en terre battue, des coquerelles et autres bestioles non bienvenues, mais bien d’une époque où ce quartier était infiniment vivant, abordable, et où malgré tous ses défauts, il y faisait bon vivre. 

​On faisait avec les moyens du bord. Le VRAI recyclage était un mode de vie rendu nécessaire par la nécessité. Les vielles annonces en tôle pour patcher les hangars, les clôtures, même les toits en certains endroits, comme ici à gauche. J'ai même vu de vielles plaques d'immatriculation clouées sur un hangar pour boucher un trou.
 
Vue du centre-sud, 1976. Photo: Daniel Heikalo. Avec permission.
 

​Au cours de mes nombreuses promenades dans le quartier, j’ai approfondi ma connaissance de ses lieux inédits, de ses trésors d’inexactitude, de sa « tout-crochitude »! J'y ai développé mon sens de la lumière, de la perspective, et une appréciation de la vie de ces gens qui, tels mes parents et grands-parents, y vivaient et essayaient à leur façon de le rendre plus beau, plus supportable.

​Notre quartier a été en grande partie construit par des charpentiers, des briqueteurs, des maçons, des gens ordinaires sans formation d’architecte. C’est le domaine de l’architecture vernaculaire. Malgré plusieurs contraintes, comme des ressources limitées ou des espaces restreints, ces bâtisseurs ont su créer une architecture sobre, aux proportions harmonieuses, qui a traversé plus d’un siècle avec la même dignité que celle affichée par ses artisans. Ceux-ci connaissaient la pierre, la brique, le plâtre, le métal et le bois. Ils ne manquaient pas d’imagination, utilisant parfois les moyens du bord pour parvenir à leur but, comme la récupération de vieilles enseignes en tôle pour recouvrir les hangars.

​C’était un quartier de travailleurs, de petits commerces, de petites et de grandes usines. Au bout de ma rue, à côté de l’école de Salaberry, mon école, il y avait la laiterie Poupart, devenue par la suite Québec-Lait, puis fermée. C'était avant le commencement de la fin: la mondialisation, la spéculation immobilière et tout ce qui a fait du Centre-Sud un quartier qui pour moi est une ombre "rénovée" de ce qu'il était.

Daniel Heïkalo.

Faut avouer d'emblée toute la force qui se dégage de ce magnifique texte. J'ai grandi dans Hochelaga, un de ces vieux quartiers aux ruelles où s'amusaient les enfants sales mais tellement heureux, je le sais, j'en étais un. On jouait à l'ombre des hangars de tôle et des innombrables cordes à linge, remplies de robes, de pantalons et de brassières, qui tapissaient le décor à gauche et à droite de la ruelle. Les marchés de quartier avec leur enseignes, là où on allait échanger des bouteilles vides contre des bonbons, ces marchés bardés d'enseignes se trouvaient situés au milieu de vieux triplex dont plusieurs étaient peints en rouge. Y'avait ces beaux balcons en bois ouvré, probablement fabriqués chez Duncan, une entreprise de bois sur Ontario et L'espérance, là où mon grand-père avait travaillé durant les années 40. 

Rue Ontario, vers 2002. Photo: Pluche

L'autre chose qu'on voyait partout, c'était les appareillages de briques de différentes couleurs et aussi les corniches de bois ou de tôle peints. Quand il faut rénover ces corniches aujourd'hui, on ne les rebâtit plus, elles sont majoritairement enlevées. Sur de Rouen et de Chambly, au coin nord-est, une magnifique caisse populaire construite au début des années 60. Je me souviens du beau plancher en pierre d'ardoise, de la belle fontaine. On y avait même tourné des scènes de films québécois, des publicités télévisées aussi avec Marthe Choquette et Jean Besré. On l'a rasée pour mieux construire des condos qui n'apportent rien au paysage. De l'autre côté de la rue il y avait un p'tit marché IGA de rien du tout et dont je me souviens de l'enseigne dehors. C'est un logement maintenant. À quelques rues à l'ouest, près d'Aylwin, c'était le tailleur pour hommes Capogreco, avec sa belle façade en brique rouge vernissée. C'est une garderie, aujourd'hui. En 1970, je m'en rappelle, après ma maternelle, ma grand-mère m'amenait soit manger un hot-dog au Harvey's coin Aylwin et Ste-Catherine, où bien chez A&W sur Sherbrooke. Après, à cause de son métier de couturière, on allait chez Montpetit, un magasin de tissu au coin de Adam et Joliette. C'était un de ces vieux magasins au plancher de bois qui datait d'un autre siècle, un peu croche et qui craquait abondamment quand on marchait dessus. L'extérieur n'avait pas changé depuis les années 40, quand ma grand-mère était une jeune mariée. Il y avait du charme tout plein dans c'te bâtisse-là. On l'a perdue avec le feu. Aujourd'hui c'est des condos. 

Enseigne lumineuse de chez Shamie, aujourd'hui disparu. Photo: Pluche

Sur Ontario, près de l'actuelle place Valois, y'avait le spectacle des trains du CN qui passaient et où se trouvait pas loin une station d'essence Champlain avec une belle tourelle blanche et bleue. Dtruite depuis un bout et l'espace est occupé aujourd'hui par des condos. Et en marchant vers l'est, dépendamment du vent, on pouvait sentir l'odeur des bons biscuits de la biscuiterie Charbonneau, une autre bâtisse peinte en rouge. Fermée en '73 celle-là. Tout le long d'Ontario et de Ste-Catherine aussi, on retrouvait les belles enseignes lumineuses sur les murs des magasins. Parties. Celle du magasin Shamie, qui existait depuis les années quarante au moins, a été la dernière à encore trôner sur Ontario, avant de disparaître complètement. Aujourd'hui, il ne reste plus que les trous dans la brique où elle était attachée.

Sur Ste-Catherine, l'Oiseau Bleu attirait les passionnés de différents hobbies et possédait une belle devanture et vitrines, avec aussi son enseigne marqué d'un oiseau bleu. Ma grand-mère y allait pour ses patentes de couture, et moi, j'allais lorgner du côté des voitures Matchbox et du beau présentoir. L'Oiseau Bleu a migré, non pas ailleurs mais dans le néant. Le seul survivant que je connaisse dans le quartier est la boutique de jeux et jouets Le bric-à-brac, coin Ontario et Aylwin, mais dans mon temps, il était entre Aylwin et Cuvillier. 

Autrefois, Hochelaga et le centre-sud, c'étaient des quartiers refuges pour les gagne-petit, ceux qui se cherchaient un bon logis pour pas cher. Maintenant, tout à changé. L'embourgeoisement s'est bien amorcé avec la construction de condos, ici et là. Des bâtisses inodores, incolores et sans flavor qui n'ajoutent rien et dont l'architecture ne "fitte" pas exactement avec le reste, pittoresque, des alentours. 

Regardez de nouveau la première photo de l'article, comme mentionné, il s'agit du restaurant Chez Gaétane. C'était souvent là le nom que l'on donnerait aujourd’hui aux dépanneurs. De ces p'tits commerces de quartier comme ça, il n'en existe presque plus. Maintenant, observez l'endroit tel qu'il apparaît de nos jours: 

L'ancien emplacement du restaurant Chez Gaétane, 2022. 
 
Comme on peut le constater, le bâtiment a été assez modifié puisque le restaurant n'existe plus. On a changé la vocation du local de commercial à résidentiel, ce qui a amené d'importantes modifications. L'entrée du restaurant a été bouchée et une simple fenêtre occupe le coin tronqué. On peut voir d'autres morceaux qui ont été bouchés afin de remplacer les grandes vitrines par des fenêtres ordinaires. Le charme qui opérait autrefois est disparu.  Et c'est comme ça à plein d'autres endroits qui débordaient de charme typique des vieux quartiers ouvriers. Toutefois, ils ne sont pas disparus d'eux mêmes. Y'a un mélange; d'abord dans les habitudes de consommation où les gens ont préféré aller acheter dans les grands supermarchés du temps, Steinberg ou Dominion, à l'époque où Métro c'etait encore les Épiciers unis, ces petites épiceries dont la bannière n'avait rien de celle qu'elle est aujourd'hui. Aussi, les dames âgées qui faisaient livrer leur commande de par le marché du quartier, souvent situé sur la rue même. Chaque rue avait le sien. Des fois c'était moi qui allait chercher leurs choses et leur ramenaient. Dix cennes de pourboire, vingt cinq si j'étais pas mal chanceux. Je me souviens de madame Lecluse, une cliente de ma grand-mère. Elle appelait le marché et faisait préparer sa commande. Elle n'avait même pas besoin de dire à l'épicier comme elle voulait sa viande. Il savait. Le boucher aussi. Pis moi, j'allais récupérer tout ça pour elle et bien d'autres. Elle n'aimait pas les supermarchés, même s'il avait un Dominion au coin d'Aylwin et Ontario. Pas de service personnalisé comme de l'aut' bord d'la rue, disait-elle. Pour nous, les gamins du quartier, ces restaurants, épiceries et petit marchés c'étaient des lieux de socialisation, on s'y rencontraient, on bouffait des bonbons. 
 
Daniel a bien saison. C'était pas mal plus coloré dans l'temps. 


 
 
 
Le saviez-vous? La rue Ontario a été nommées ainsi en 1842. Avant, elle a porté les noms de Napoléon, Arthur-Buies et Berthelet. Son nom provient du grand lac du même nom.



 

mercredi 10 avril 2024

Post éclipse

 

Éclipe solaire.


Il s'en trouve peut-être quelques uns qui sont verts dans le visage à force d'entendre parler de l'éclipse du 8 avril 2024. Toutefois, à en juger par la quantité fort impressionnante de personnes qui se sont rendues à différents endroits, On parle de 100,000 personnes juste au parc Jean-Drapeau, j'imagine qu'ils font partie d'une minorité. Mais bon, promis promis, je ne vous parle plus d'éclipse complète au Québec avant au moins août 2044. 

Si initialement j'avais prévu aller justement au parc Jean-Drapeau, j'ai changé d'idée, anticipant un retour en ville assez compliqué. J'ai donc opté pour le Jardin botanique, plus proche mais avec le désavantage de n'avoir que trente secondes d'éclipse totale plutôt que la minute et demi pour ceux au parc Jean-Drapeau.

Chemin faisant à vélo, j'ai remarqué une foule assez abondante au parc Maisonneuve, et une autre encore plus imposante autour du stade olympique. Chose surprenante, pas de rassemblement important au Jardin. J'ai eu donc l'embarras du choix.

La lune a commencé son transit un peu après 15:10. Puis, au fil des minutes, la luminosité a tranquillement diminuée et du coup la température a un peu chuté. Au moment où la lune couvrait le soleil entièrement, j'ai pris le cliché que vous voyez ci-haut. 

Chose étonnante, au moment où l'éclipse était totale, les bernaches du Canada ont fait tout un tintamarre que j'ai attribué à une forme d'inquiétude/panique. Lorsque la lune a amorcé son transit de sortie et que la lumière est graduellement revenue, elle se sont tues. Autrement, pas noté d'autres comportements inhabituels de la faune du Jardin. 

Bien entendu, il y a eu plusieurs mises en garde, un peu partout dans les médias, concernant des lunettes vendues et n'étant pas conformes. Est-ce que le message est parvenu à tous? Une recherche Google juxtaposant le trajet de l'éclipse et la localisation de recherches sur le moteur concernant les mots clés "Why my eyes hurt" (pourquoi mes yeux font mal), a donné un graphique assez éloquent:

À ce sujet, d'ailleurs, La Presse a publié un article fort intéressant sur le sujet des problèmes oculaires. Pour la plupart des gens il n'y aurait pas grand risque, mais pour ceux et celles qui auraient malencontreusement utilisé des lunettes non conformes, c'est possiblement une autre histoire.  

Du reste, j'ai quitté le Jardin bien plus tard avec la satisfaction d'avoir pu observer ma seconde éclipse de ma vie. Je ne sais pas pour la prochaine en 2044. C'est dans vingt ans après tout. Ça viendra, ça viendra. 

Bonus de la journée: J'ai observer un pygargue à tête blanche, un grand rapace de la famille des aigles, survoler le Jardin, mais ça, ce sera le sujet d'un autre article. 


 

Le saviez-vous? Dans l'Antiquité les royaumes de Mèdes et de Lydie, deux peuples d’Asie Mineure se faisaient la guerre en Anatolie. Après cinq longues années de combats, ils se rencontrèrent à nouveau, le 28 mai 585 avant J-C. Durant les combats il y eu une éclipse totale, plongeant le champ de bataille dans l'obscurité. Les deux armées interprétèrent cette éclipse comme un présage pour l’arrêt des combats car elle indiquait que les dieux exigeaient la fin de la guerre. Les soldats déposèrent donc les armes.

dimanche 7 avril 2024

L'éclipse solaire de 2024

(Photo d'archives, BANQ)

  


Je me souviens de ma première éclipse solaire. C'était le 10 juillet 1972. Ce jour-là en avait été un comme les autres; j'étais dehors aux petites heures à jouer dans la cour, me salir, m'égratigner ici et là. J'avais couru après les bouteilles de boissons gazeuses vides avec l'ami Alain et on les avait échangées contre une quantité assez généreuse de bonbons à l'épicerie du coin.

À la fin de l'après-midi il y avait mon rendez-vous quotidien à ne pas manquer avec Bobino, c'était sacré. Mais avant l'émission mon grand-onle et ma grand-mère m'avaient bien avisé de ne pas regarder l'éclipse qui s'en venait, parce que sinon je risquerais de devenir aveugle, comme mon oncle Joe qui demeurait à la campagne. Il ne voyait plus rien du tout. Mais ce n'était pas une éclipse qui lui avait enlevé la vue. D'ailleurs, on ne m'avait jamais dit comment!

Évidemment, j'étais curieux comme dix. C'est quoi une éclipse ? Alors, mon grand-oncle avait tiré de sa bibliothèque bien garnie un livre de science astronomique où il m'avait montré, images à l'appui, ce qu'était une éclipse lunaire. Comme dans Tintin et le temple du soleil que j'avais demandé. Exactement ! Donc, il avait pris soin de me le rappeler encore : Ne regarde pas l'éclipse !

Puis, à l'arrivée de 16 heures, je me suis dépêché d'aller devant le téléviseur où mon émission favorite, Bobino, allait commencer. Mais quoi ? Que le grand crique me croque ! Pas de Bobino. Nénon. Au lieu, c'était une émission spéciale-spatiale sur l'éclipse à venir. Bon, alors je suis allé faire un tour au canal 10, pour voir. Meuh! C'était la fin d'un film…

Alors, je suis sorti dehors, comme ça, pour jouer avec mes bébelles dans la cour. Le fil du temps est passé rapidement. À un moment, ma grand-mère m'a demandé de venir sur le balcon. J'ai monté les marches et c'est en arrivant en haut que le ciel est devenu noir. Noir comme dans la poêle, comme on disait dans le temps. Faisait tellement noir que le réverbère de l'autre côté de la rue, et tous les autres du même coup, se sont allumés. Cette noirceur a duré un petit bout de temps, tout au plus, et puis, la lumière est revenue. Quel phénomène ! On avait de quoi se raconter, les copains et moi.

Maintenant, avant [très] rapide à aujourd'hui, dimanche le 7 avril 2024, où nous sommes à la veille d'assister de nouveau à une éclipse solaire. L'engouement pour le phénomène est palpable, comme en témoigne la grande quantité de lunettes pour l'éclipse qui ont été distribuées. Avant d'aller plus loin, j'aimerais bien expliquer ce qu'est, en gros, une éclipse solaire.


 

Donc, une éclipse solaire se produit lorsque la Lune se retrouve entre la Terre et le Soleil. La Lune crée donc un cône d'ombre sur la Terre selon une trajectoire qui est bien connue des astronomes et des astrophysiciens. Comme on peut le voir, l'éclipse solaire n'est complète que si l'on se trouve directement le long de la bande d'ombre. Si l'on est un peu à l'écart, c'est une éclipse partielle que l'on voit. Mais, vous allez me demander, la Lune, elle ne passe pas entre la Terre et le Solaire tout le temps ?


Oui, mais il y a quelques détails ; la Lune n'orbite pas directement sur le plan de l'écliptique. Comme on le voit sur l'image ci-haut, la Lune possède son propre plan d'orbite et qui contient des variations, tout comme la Terre. On observe ceci avec les phases lunaires ainsi qu'avec les saisons. 
 
Mais pourquoi se munir de lunettes d'éclipse homologuées et quels sont les risques pour la santé. Commençons par une question : est-ce que vous regardez le soleil directement durant une belle journée d'été, même avec des lunettes de soleil ? Bien sûr que non ! Eh bien voilà, regarder une éclipse sans protection, c'est comme regarder le soleil directement. C'est tout simplement que lors d'une éclipse, on ne perçoit pas l'intensité du soleil, mais elle est bien là. Il ne suffit que d'un très court moment pour qu'il y ait des dommages majoritairement permanents et irréversibles aux yeux se produisent. C'est là toute l'utilité d'avoir avec soi de bonnes lunettes spécialement conçues pour regarder l'éclipse en toute sécurité.

Ceci dit, il se trouve quelques précautions à prendre concernant ces lunettes; il y en a qui ne sont pas conformes. Le Journal de Montréal a publié un article fort instructif à ce sujet, du même qu'un autre article où l'on fait mention qu'une école de St-Jérôme a été obligée de jeter quelques 3,700 paire de lunettes achetées sur Amazon et qui se sont révélées non conformes.

Alors, comment s'y retrouver? L'édition Week-End du Journal de Montréal de cette fin de semaine comporte un encart spécial sur l'éclipse. Aussi, on peut se référer au site de l'American Astronomical Society qui répertorie les fabriquants qui offrent des lunettes sécuritaires, incluant la fameuse norme ISO 12312-2

Si vous n'avez pas encore mis la main sur des lunettes certifiées encore, sachez que le Planétarium sera présent sur le site du parc Jean-Drapeau ce lundi 8 avril et aura environ 150,000 paires de lunettes à donner.

En terminant, sachez que l'éclipse durera, dans toutes ses phases, de 15:25 et 15:40. Voici le trajet de l'éclipse, indiquant la durée de l'éclipse totale selon là où vous trouvez. 
 


 
 
 
Le saviez-vous? La prochaine éclipse solaire complète telle que celle du 8 avril 2024 ne se reproduira que le 22 août 2044, soit dans vingt ans!
 


samedi 30 mars 2024

Oiseaux du Québec: le carouge à épaulettes

 


Le carouge à épaulettes est un oiseau chanteur de la famille des passereaux qui niche près des milieux humides. On doit son nom à la bande rouge qui orne les épaules du mâle. L'oiseau est migrateur et arrive généralement tôt au printemps et les mâles sont toujours les premiers à se pointer le bout du bec, suivi, à environ deux semaines d'intervalle, des femelles. 

Mon observation personnelle de cet oiseau est qu'il est farouchement territorial, plus particulièrement en période de nidification. Si quelqu'un passe trop près du nid, il n'hésitera aucunement à s'en prendre à l'intrus. Il est aussi agressif envers d'autres oiseaux, même s'ils sont plus gros. J'en ai aperçu affronter directement des corneilles et même auprès d'oiseaux de proie comme la buse à épaulettes. Il va aussi démontrer son caractère en s'en prenant aux nids d'autres oiseaux. Ainsi, au printemps dernier, j'ai pu observer une oriole de Baltimore tisser soigneusement son nid; une sorte de poche suspendue à une branche, un peu comme une grosse boule de Noël. C'est un travail laborieux mais assez fascinant à admirer. Et puis, sont arrivés les carouges. Ces derniers ont complètement détruit le nid, n'y laissant que des lambeaux, au grand dam de l'oriole, qui a dû refaire son nid ailleurs. 


Comme je l'ai mentionné plus haut, le carouge niche en milieux humides, et ces milieux attirent bien entendu d'autres oiseaux comme les hirondelles bicolores, les quiscales et les canards colverts ou branchus. Au printemps dernier j'ai pu voir l'arrivée d'une grande aigrette, un oiseau échassier tout blanc. L'étang l'avait attiré mais mal lui en prit car à peine arrivé trois carouges mâles sont venus lui faire savoir, d'une manière quelque peu agressive, qu'il n'était absolument pas le bienvenu. L'aigrette a vite compris et s'est en allée à l'autre bout de l'étang, convaincu qu'elle y trouverait la paix. C'était bien mal sous estimer l'esprit territorial du carouge. Ces derniers ont donc traversé l'étang pour reprendre les attaques. Cette fois, l'aigrette a compris et s'est envolée mais encore là les carouges n'avaient pas dit leur dernier mot et son partis vers l'aigrette, tels des chasseurs de la Seconde guerre après un bombardier. Quel caractère! Le seul oiseau à le carouge semble foutre la paix est la bernache du Canada car, il faut bien l'avouer, la bernache a tout un caractère aussi. Toutefois, un habile épervier ou une buse peut fort bien, comme je l'ai déjà vu, chasser, capturer et déguster un carouge un peu trop fanfaron. 


La femelle carouge possède, comme beaucoup d'autres femelles d'autres espèces, un plumage plus terne. La flamboyance de couleurs que l'on observe chez les mâles étant un élément de séduction. La femelle carouge, une fois nichée, s'aperçoit souvent dans les marais et marécages, sautillant sur des nénuphars ou s'agrippant à des roseaux afin d'y trouver de la nourriture; des insectes, des larves, des chenilles ou des escargots font très bien l'affaire mais peuvent aussi se nourrir de grains et de petits fruits sauvages. 

Les carouges mâles sont volages et peuvent souvent s'accoupler avec plusieurs femelles et en moyenne, les carouges peuvent nicher jusqu'à trois fois avant que le départ migratoire s'effectue fin juillet ou début d'août. Les carouges partent alors pour un long voyage au cours duquel ils vont traverser les États Unis pour se regrouper sur la côte ouest mexicaine pour revenir de nouveau au printemps suivant. 




Le saviez-vous? La longévité du carouge à épaulettes est d'environ 16 ans. Loin d'être nuisible, sauf pour ceux qui s'aventurent trop proche des nids, le carouge raffole des insectes qui ravages l'agriculture. 

lundi 25 mars 2024

La fin d'une époque

Hé oui, vos yeux ne vous trompent pas. Il s'agit bel et bien d'un nouvel article après une absence prolongée. L'idée de délaisser le blogue ne m'est jamais venue à l'idée mais j'avais bien besoin d'une pause. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis la dernière publications et bien des choses se sont passées depuis. Alors, quel lien entre ceci et l'image de couvertures du Sélection du Reader's Digest?

Au fils des publications vous avez pu admirer quantité portant sur de vieilles publicités qui sont, pour la plupart du temps, parues durant les années 50. Ces dernières provenaient essentiellement de nombreux numéros de Sélection du Reader's Digest, magazine auquel ma grand-mère était religieusement abonnée. 

Or, une nouvelle fort triste est apparue à la fin de l'année dernière: le magazine va cesser d'être publié définitivement le 31 mars 2024 et ce, après 76 ans d'existence. 

La nouvelle est triste, certes, mais il faut toutefois mentionner qu'il est rare de voir des magazines durer aussi longtemps. La durée de vie moyenne des magazines dépend de plusieurs facteurs, comme le type, le contenu, le public et la fréquence de publication. Il n’existe pas de chiffre exact, mais on peut estimer que la plupart des magazines ont une durée de vie de quelques mois à quelques années, avant de perdre de leur intérêt ou de leur actualité. Certains magazines, comme ceux qui traitent de l’histoire, de l’art ou de la science, peuvent avoir une durée de vie plus longue, car ils sont moins soumis aux modes ou aux événements. D’autres magazines, comme ceux qui traitent de l’actualité, du sport ou de la culture populaire, peuvent avoir une durée de vie plus courte, car ils sont plus sensibles aux changements ou aux tendances. Par exemple, voici quelques défunts magazines: 

Mademoiselle (1935-2001): un magazine féminin qui traitait de la mode, de la beauté, de la culture et des problèmes de société.

Look (1937-1971): un magazine bi-hebdomadaire qui publiait des reportages photographiques sur l’actualité, le sport, le cinéma et la politique.

The Saturday Evening Post (1821-1969): un magazine hebdomadaire qui présentait des articles de fond, des nouvelles, des illustrations et des bandes dessinées. Norman Rockwell en a été le plus prolifique artiste du magazine avec plus de 321 couvertures réalisées entre entre 1916 et 1963. 
 
Life (1883-2007): un magazine qui se distinguait par ses photographies de grande qualité, couvrant des sujets variés comme la guerre, la nature, les célébrités et l’art.

Newsweek (1933-2012): un magazine d’information qui couvrait l’actualité nationale et internationale, ainsi que des domaines comme la science, la technologie, la santé et l’éducation.

Playboy (1953-2020) : Un magazine qui couvrait des sujets variés, des interviews, ainsi que des jeunes dames en tenue d'Ève. 

Plus près de nous, il y a eu ces magazines: 

Le Canadien (1806-1909): un journal politique et littéraire, qui défendait les intérêts des Canadiens français et s’opposait au pouvoir colonial britannique.

L’Art vivant (1928-1939): une revue culturelle et artistique, qui couvrait les domaines de la peinture, de la sculpture, de la littérature, de la musique et du théâtre.

L’Arche (1948-1956): une revue littéraire, qui publiait des textes d’auteurs québécois et étrangers, ainsi que des critiques et des essais.

Le Reader’s Digest, dans sa version originale en anglais, a été fondé en 1922 par DeWitt Wallace et Lila Wallace, qui proposait des articles condensés issus de la presse mondiale. C'est en décembre 1946 qu'arrive sur les tablettes des marchands de journaux la première édition en français au Canada; Le Sélection du Reader’s Digest. L'édition canadienne anglaise arrivera deux ans plus tard. 

Le Sélection du Reader’s Digest a été longtemps le magazine le plus lu au Québec et en France, avec des tirages atteignant plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et des millions de lecteurs chaque mois. 

Au fil des ans toutefois, le magazine a fait face à de nombreux défis au fil des ans, comme la concurrence d’autres médias, la chute des revenus publicitaires, la hausse des coûts de production et de livraison, ainsi que le changement des habitudes de lecture. Au fil des ans Le Sélection du Reader’s Digest a été revendu à plusieurs reprises, passant de la holding américaine Reader’s Digest Association à des groupes espagnols et français, et a subi des réductions d’effectifs et de budget.

Ce qui faisait la qualité du Reader’s Digest, c’était sa capacité à offrir à ses lecteurs une synthèse des romans, livres, essais, reportages et récits les plus intéressants et variés, sur des sujets comme la santé, la science, la culture, l’humour et l’actualité. Le Reader’s Digest était également apprécié pour ses ouvrages collectifs originaux, rédigés par les meilleurs spécialistes, qui alliaient qualité esthétique et précision documentaire.

Le Sélection du Reader’s Digest cessera d’être publié le 31 mars 2024, après 76 ans d’existence, mais ses sites web continueront d’être alimentés pour une certaine période de temps.




Le saviez-vous? En décembre 1952 le magazine publie un article canon liant la cigarette au cancer du poumon (Cancer by the carton) et du coup refuse toute forme de publicité liée au tabac, une décision qui demeurera jusqu'à la fin du magazine. 

lundi 22 mai 2023

Les crayons feutre Buffalo

 Voilà le printemps qui s’amène et de là, on voit finalement la fin des classes. Dehors la neige a complètement disparue et la température s’élève peu à peu. C’est un samedi matin d’avril et la météo prévoit une journée ensoleillée avec une température fraîche mais confortable. Je termine mon bol de Count Chocula, mon troisième, et le termine rapidement parce que je piaffe de descendre dans le garage et sortir ma bicyclette pour la première fois de l’année. Je m’habille à toute vitesse mais y’a un truc qui m’échappe; de soleil dehors, y’en avait pas. Le ciel était tout gris et c’est seulement lorsque je me suis collé le nez à la fenêtre que je me suis rendu compte qu’il pleuvait tout plein. Bon, ben il semble que ma première promenade sera reportée. Heureusement je suis un enfant parfaitement incapable de s’ennuyer et je réoriente donc mon programme du jour en conséquence.


Dans ma tête se bousculent les possibilités; faire des vaisseaux spatiaux avec mes Lego en écoutant des cartoons à la télé, m’occuper de ce modèle réduit qui n’attend, inventer de nouvelles aventures avec mes figurines GI JoeSteve Austin, Big Jim et du prof Bergman, faire des courses d’élimination entre mes voitures Matchbox et Hot Wheels. Et ce ne sont là que les choses auxquelles j’ai pensé durant les trois premières secondes. Finalement j’ai opté pour appeler l’ami Daniel, celui qui m’avait montré à bien assembler les modèles-réduits. Une demi-heure plus tard nous étions installés dans sa cuisine, bien attablés avec une provision de feuilles de papier ainsi que nos magnifiques ensembles de crayons feutre Buffalo, tous alignés dans une belle boîte en métal ornée d’une reproduction du Déjeuner des canotiers, de Renoir. De vulgaires crayons de cire? Surtout pas! Là, au son d’une version disco de Star Wars (Meco) qui jouait de par de petits haut-parleurs dans la cuisine, on barbouillait pendant des heures des scènes du film qui venait tout juste de sortir. La séance se terminait lorsque la mère de Daniel en avait raz les oreilles d’entendre la fameuse toune de la cantine ad repetitio. Mais bon, c'est un exemple parmi mille! Je me souviens avoir passé des pans de journées entiers à crayonner tout un fourbi de trucs; fusées, voitures, extra-terrestres, animaux étranges, scènes d'action... 


Avant d'aller plus loin, un mot sur l'œuvre choisie par Buffalo pour orner cette boîte. Il s'agit d'une magnifique toile d'Auguste Renoir intitulée "Le déjeuner des canotiers". Cette peinture se définit comme suit; 


Nous sommes à la fin de l'été 1880 à Chatou, une commune dans le département des Yvelines, un peu au nord-ouest de Paris. Sur la terrasse de "La Maison Fournaise" qui est une auberge et guinguette , Auguste a réuni des amis et modèles pour une grande œuvre. La dame au petit chien s'appelle Aline Charigot, c'est la future épouse d'Auguste Renoir. Derrière elle se tient debout Hippolyte Alphonse Fournaise, fils du propriétaire de l'auberge. Accoudée à la rambarde c'est Alphonsine Fournaise , sa sœur, qui écoute le Baron Raoul Barbier, bien assis et dos tourné avec un chapeau melon. Gustave Caillebotte, peintre également, est assis à droite à califourchon sur une chaise. Le couple près de lui est Ellen Andrée, laquelle est actrice tandis qu'Adrien Maggiolo, directeur du journal "La France Nouvelle" se penche vers elle. Derrière eux , le petit trio est formé du journaliste Paul Lhote avec un pince nez , Eugène Pierre Lestringuez au chapeau melon noir et l'actrice de la Comédie Française Jeanne Samary. La jeune modèle au verre d'eau est Angèle Legault. Derrière elle debout se tient le critique d'art et collectionneur Charles Ephrussi coiffé d'un chapeau haut de forme et éditeur de la Gazette des Beaux Arts. Il converse avec le poète Jules Laforgue. 

Notez que si l'envie vous prend, il est possible de visiter la Maison Fournaise et de prendre un repas sur la même terrasse où l'artiste y a peinturé ses amis et convives. On clique ici!



En ouvrant la boîte on retrouve sous le couvercle des conseils pour l'entretien des crayons, les différentes couleurs qu'on y retrouve ainsi que d'autres petites astuces dont le proverbial avertissement de remettre le capuchon dès que l'on a terminé de s'en servir. À défaut de le faire, le bout séchait et pouvait rendre la pointe feutre inutilisable. Il se trouve également une feuille protectrice en styromousse. 

Saurez-vous trouver la coquille dans la description des couleurs? Indice, il s'agit d'une bien mauvaise traduction.



Et voici l'ensemble des crayons que l'on y retrouve. À noter que ceux-ci, qui sont les miens, écrivent encore, ce qui hautement appréciable après toutes ces années. Buffalo offrait d'autres boîtiers de crayons dans des formats différents, dont une boîte plus petite et ornée d'une peinture de Rembrandt; L'homme au casque d'or, circa 1650. Il aurait été un peu bête de jeter la boîte si les crayons atteignaient leur durée de vie utile et c'est pourquoi Buffalo vendait aussi ces crayons à l'unité, permettant du coup de les remplacer individuellement. 


Le saviez-vous? Le premier crayon feutre a été inventé et breveté par un certain Lee Newman en 1910. Il s'agissait d'un tube empli d'encre et directement connecté à une pointe feutre poreuse permettant le passage de l'encre. Des amélioration ont été apportées en 1926 et 1944 mais la version finale du produit a été mise au point par la Tokyo Stationery Company en 1962. 

lundi 3 avril 2023

La Caillette et ses karts

Il y a neuf ans de cela je vous parlais de cette crèmerie mythique au Québec; la Caillette. Et dans cet article je vous racontais que durant les visites que l'on y faisait lorsque j'étais gamin il y avait ces karts et que l'on pouvait conduire sur une piste aménagée. 

Malheureusement, personne dans la famille n'a pensé un jour prendre une photo ou deux, histoire de se remémorer l'endroit. Or aujourd'hui, et grâce à une précieuse contribution de la famille Lemay, je vous offre quatre photos de ces karts prises à deux périodes différentes. 

(Crédit photo: Famille Lemay, utilisée ici avec leur aimable collaboration)

Sur cette première photo qui date de 1967 ou 1968, on peut voir non seulement un des karts mais aussi le décor. Un petit moulin en pierre à côté duquel se trouve une fermière et une vache. Sur le terre-plein on voit un réverbère double. Derrière, des terres agricoles et des maisons. 

(Crédit photo: Famille Lemay)

Toujours en 1967-68, voici un autre enfant de la famille qui ne manque pas de saluer la personne en train de prendre la photographie. Ces karts fonctionnaient avec des petits moteurs à deux temps et la vitesse était relativement basse, mais quel plaisir que c'était de les conduire! 

(Crédit photo: Famille Lemay)

Nous faisons ici un bond vers 1972 ou 1973 et cette fois, en couleurs! On arrive ici à mieux distinguer les détails de ces fameux karts et dont le style rappelle les vieux tacots des années 20. À l'arrière on aperçoit une station-service Esso, laquelle existe toujours mais sous la bannière Ultramar. Le plaisir de la fillette au volant du car ne ment pas quant aux joies du karting. 

(Crédit photo: Famille Lemay)

Même fillette et son passager de garçon pris sous un autre angle. On peut voir ici que c'est le petit bonhomme qui s'en donne à cœur joie. On peut d'ailleurs voir, à l'arrière de la voiture, le rudimentaire moteur à deux temps et que l'employé faisait démarrer comme on le fait avec une tondeuse. Il arrivait parfois que le moteur ait des ratés sur la piste et le type devait alors accourir pour le faire redémarrer. 

Je tiens ici à remercier la famille Lemay pour cette précieuse contribution et j'espère que cela pourra apporter de biens bons souvenirs à tous les gens qui ont conduits ces petits bolides durant leur enfance. 





Le saviez-vous? Le premier kart a été inventé par Art Ingels à Los Angeles en 1956 et le karting est le sport motorisé le plus populaire au monde!


jeudi 16 février 2023

Morgan's

 

Morgan's est un magasin qui a une longue histoire. Ouvert en 1845 à l'actuelle adresse 404 Notre-Dame ouest, il est déménagé au 478 McGill en 1852, puis en 1866 sur le côté nord de Saint-Jacques, alors appelé St-James, près du Square Victoria. Le centre des affaires dans le temps était le Vieux-Montréal. Au delà, au nord, à l'est et à l'ouest, on retrouvait des villages et de nombreuses terres agricoles. 

C'est en 1891 que Henry Morgan fait un pari considéré insensé par pas mal tout le monde: se relocaliser sur la rue Ste-Catherine, laquelle ne ressemblait en rien à la rue commerciale que l'on connaît aujourd'hui. Il s'agissait alors d'un rue paisible avec de belles demeures et des vergers. Malgré les nombreuses voix qui annoncent à Morgan qu'il va se planter financièrement en se relocalisant loin du secteur commercial du Vieux-Montréal, il persiste. Et signe. 

S'élève alors un magnifique magasin de trois étages avec un magnifique extérieur en grès rouge d'Écosse. Morgan est convaincu que le succès suivra, et il gagne son pari au point où le célèbre joaillier Henry Birks l'imite, en faisant construire son magasin de biais avec Morgan's. À partir de là s'est opérée une migration progressive des commerces vers la rue Ste-Catherine. 

En 1950, profitant du boom économique de l'après-guerre, Morgan's décide d'ouvrir des succursales, un peu à l'instar de Eaton's et Simpson's. Le premier est ouvert en 1950, et se situait sur le chemin de la Reine-Marie dans le secteur de Snowdon. Puis, d'autres suivront, dont celui que l'on voit sur l'image ci-haut. 

Nous sommes au tournant des années 60, et l'on voit ici la succursale de Morgan's située dans le centre commercial Boulevard à partir du boulevard Pie-IX. Tous les deux ont été inaugurés en 1953. En 1958, fort du succès que connaît le magasin, Morgan's fait ajouter un deuxième étage. Deux ans plus tard, La Baie se porte acquéreur de Morgan's, mais le nom de Morgan's est conservé, d'abord jusqu'en 1964 en Ontario, puis jusqu'en 1972 au Québec. 

On remarque l'architecture simple mais résolument moderne du bâtiment. La mosaïque de béton multicolore est agrémentée d'un éclairage . La brique uniforme est quant a elle agrémentée du nom de Morgan's Boulevard. Le tout se conjugue pour donner une allure simple, mais élégante. Toutefois, le temps n'a pas été tendre; au début des années 70 on a décidé de couvrir la brique avec des panneaux d'aluminium, ce qui sapé tout le style pour en faire une façade quelconque, banale, laide et sans âme. Jugez-en par vous-même: 






Le saviez-vous? Le centre d'achats Boulevard a été le troisième centre commercial a ouvrir à Montréal, mais il a été le premier à être entièrement à l'intérieur. À son ouverture en 1953 il comptait pas moins de 32 magasins.